Apparu dans les années 80 et grandement inspiré par l’œuvre “La vie mode d’emploi” de Georges Perec, les simulations globales sont des dispositifs d’apprentissage très stimulants, et parfaitement adaptables au mode distanciel.
1. Une Simulation Globale
a. Qu’est-ce que c’est ?
Voici la simulation globale définie par son créateur, Francis Debyser du BELC (Bureau d’Etudes des Langues et des Cultures), qui initia le principe en 1986 avec l’Immeuble :
“Une simulation globale est un protocole ou un scénario cadre qui permet à un groupe d’apprenants (…) de créer un univers de référence, un immeuble, un village, une île, un cirque, de l’animer de personnages en interaction et d’y simuler toutes les fonctions du langage que ce cadre, qui est à la fois un lieu thème de référence et un univers de discours, est susceptible de requérir.”
Une simulation globale est ainsi un support méthodologique qui élabore une réalité où sont mises en place les conditions favorables à la production de textes écrits et parlés. Cette réalité est un microcosme virtuel souvent bâti autour d’une unité de lieu, que ce soit un lieu fixe comme un immeuble ou une île, ou d’un lieu mobile réalisant un parcours itinérant, un voyage en bateau, une épopée spatiale par exemple.
Pour évoluer ce lieu est peuplé par des personnages joués par les apprenants et également des personnages non joueurs (PNJ)
b. Comment ce microcosme existe ?
Le microcosme existe au départ par les choix de cadre et de contexte du meneur. Il s’enrichit ensuite par les productions des apprenants. Ces productions sont amenées à jouer un rôle narratif dans l’aventure, par exemple la biographie de son personnage écrite par un apprenant pourra donner lieu à une enquête.
c. Quel est l’objectif général ?
Produire des situations d’échange ! Principalement des textes et des discours mais aussi des images, des cartes, des affiches… en favorisant l’autonomie des apprenants et la créativité.
2. Utilisation en cours de Français Langue Étrangère (FLE)
a. La langue comme outil.
La simulation globale est à l’origine utilisée pour l’enseignement du FLE (Français Langue Étrangère). Les apprenants prennent une identité fictive et « jouent» le rôle qui est le leur lors de situations langagières. La simulation globale va permettre une mise en situation véritable,pendant laquelle la langue sera envisagée comme un outil et non plus comme un objet de savoir.
b. Les types de production écrites et orales
- les écrits de la vie quotidienne : pancartes, courrier, petites annonces, compte rendus …
- jeux de rôles : relations entre les habitants, discussions, conversations téléphoniques, soirées entre voisins, intrigues diverses
- le côté romanesque : biographie des habitants, description de leurs journées, cahier de voyage, d’observation…
- Et bien d’autres en fonction du projet et des besoins
b. Les types de production écrites et orales
Le matériel utilisé varie selon que la simulation globale se passe en présentiel, à distance ou en classe hybride. Les médias jouent un rôle important dans tous les cas. En effet, les images, les documents iconographiques ( cartes, notices, fiches….) sont d’excellent médiums pour mettre en place le monde de la simulation et aussi, bien utilisés, pour favoriser la production écrite et orale. Par exemple, la découverte d’une île au moyen d’une carte ou d’une image sont des prétextes à la rédaction d’une description. Les contenus audiovisuels également ; des extraits de films et de documentaires permettent de “faire vivre” des moments d’action, comme, par exemple, l’appareillage d’un navire ou le décollage d’une fusée.
Les contenus audio occupent une place de choix dans le dispositif, d’une part ils sont produits ou glânés par le maître de la simulation globale dans le même objectif que les autre contenus (avec toutefois une plus grande importance compte tenu de leurs nature) mais les apprenants sont également amenés à en produire eux aussi. Par exemple, un texte de présentation du personnage, un texte biographique, un compte rendu d’expérience… sont autant de matériels produits par les apprenants à destination des autres.
3. Le rôle du (des) meneur(s) du jeu
Ici l’appellation meneur renvoie à l’univers du jeu de rôle, ou celui qui crée et entretient l’aventure est omnipotent et bienveillant.
a. Le concepteur
Le premier rôle est celui de créateur de monde. Il s’agit d’imaginer un lieu et de le peupler des personnages, joués par les apprenants, qui l’animent. Le meneur de jeu raconte avant tout ce qui est nécessaire à la création d’une histoire commune.
b. Le metteur en scène
L’animation est une mise en scène d’événements et de situations: des échanges, des rencontres, des querelles, des intrigues diverses.. qui motivent et alimentent les productions orales et écrites.
c. L’éditeur et correcteur
Le maître de la simulation définit les modalités, relie avec les événements, relis et corrige les productions linguistiques des apprenants.
d. Le formateur
Le formateur doit formuler des objectifs précis et amener les diverses activités dans un cadre pédagogique qu’il fixe. Il introduit et travaille une notion précise dans l’apprentissage. Le déroulement de la simulation s’accompagne donc de phases plus théoriques d’étude de la langue.
e. Le moissonneur et préparateur de ressources
Pour faire fonctionner le monde de la situation et inciter le meneur du jeu doit trouver, assembler et produire des éléments probants; images, cartes , affiches, extraits de film, journaux, documents administratifs…
Julien Guichet est auteur sur Profbook. Retrouvez ici sa fiche de Formateur : Professeur particulier Julien Guichet
