A quoi sert d’apprendre à écrire à la main à l’ère du numérique ?

ecriture manuscrite vs ecriture numérique

L’écriture à la main au XXIème siècle

Soyons pragmatique : pour un enfant, cela sert déjà à répondre à la demande scolaire. Certes, les tablettes ont fait leur entrée au collège et parfois même à l’école élémentaire mais l’écriture à la main reste largement prépondérante. La plupart du temps, les tablettes, lorsqu’elles sont présentes, remplacent les manuels et sont des supports de lecture et d’activités (quizz…) mais on ne les utilise pas pour « les traces écrites » c’est-à-dire les leçons, synthèses et résumés du cours.

Cela veut donc dire que pendant les 12 années scolaires qui mèneront l’élève du CP à la Terminale, un écolier aura besoin de maîtriser cette compétence fondamentale.

Dès le CP, l’écriture sert aussi à apprendre à lire. En effet, le principe du décodage est intimement lié à celui d’encodage : on est plus à même de lire (décoder) ce qu’on arrive à écrire (encoder). Un enfant qui saura aligner les bonnes lettres dans l’ordre pour écrire le mot « caravane » arrivera bien plus facilement à déchiffrer les différentes syllabes puis à les oraliser sous forme de mot.

Une petite anecdote personnelle à ce sujet :  pour des raisons encore inexpliquées à ce jour, ma fille aînée a été mutique toute sa scolarité en maternelle. Aucune de ses maîtresses n’a entendu le son de sa voix. Mais son enseignante de Grande Section s’est aperçue qu’elle commençait à savoir lire surtout parce qu’elle savait encoder des mots simples : papa, lune, Noël,  Dodi …(le nom de la mascotte de la classe) et même Amélie, prénom de la maîtresse, qu’elle avait écrit sans le « e » bien sûr.

De même, pour la suite du cursus scolaire, il est prouvé que la mémoire kinesthésique (mémoire du geste) permet dans bien des cas de mémoriser l’orthographe lexicale. Ne vous est-il jamais arrivé d’avoir besoin d’écrire un mot à la main pour vous remémorer son orthographe ?

Plus tard, au lycée, dans les études supérieures et même lors du parcours professionnel, on remarque que la prise de notes à la main favorise également une meilleure compréhension des notions abordées car elle oblige à être actif, à synthétiser et à reformuler.

Pour en savoir plus sur ce thème

Une compétence de moins en moins maîtrisée

Cependant, de plus en plus d’enfants, d’adolescents voire de jeunes adultes éprouvent des difficultés avec l’écriture manuscrite. J’ai abordé cette problématique et ses causes dans une conférence au sein de l’AFPEAH.

Or, en plus de favoriser apprentissage et mémorisation, la bonne maîtrise de cette compétence peut permettre d’obtenir une meilleure note lors des évaluations ou examens :

Dysgraphie et ordinateur

De la même façon qu’on a « médicalisé » les difficultés d’apprentissage de la lecture en posant l’étiquette « dyslexie » sur ce qui n’était parfois qu’une difficulté persistante d’apprentissage ayant diverses causes : méthode de lecture utilisée, problème de maturité (ce qui arrive plus souvent qu’on ne le pense, surtout chez les enfants nés en fin d’année civile), événement traumatique familial lors du CP, troubles visuels ou auditifs, on a  tendance à parler de dysgraphie chez tous les enfants dont l’écriture est peu lisible, voire chez ceux qui ne respectent pas le ductus des lettres ou encore chez ceux dont le rythme d’écriture est trop lent.

Voilà la définition du terme dysgraphie dans le dictionnaire Larousse :

  • Trouble graphique s’exprimant au niveau des composantes spatiales de l’écriture sans atteintes des structures morphosyntaxiques. (Chez l’enfant qui ne présente ni trouble neurologique ni déficit intellectuel et dont la scolarité a été normale, elle est souvent liée à une organisation spatiale déficiente ou à un trouble de la personnalité.)
  •  

On y trouve les mots « déficiente » et « troubles » des termes qui peuvent orienter les familles vers le domaine médical ou para-médical.

 Or, suite à ce diagnostic de dysgraphie, de plus en plus de professionnels para-médicaux préconisent un abandon de l’écriture manuscrite et un passage à l’ordinateur en classe parfois dès l’élémentaire. Cependant, si les enfants qui ont des troubles « dys » (dyslexie, dyspraxie …) donc relevant de la sphère neurologique peuvent effectivement à terme être amenés à « renoncer » totalement à écrire à la main (avec les conséquences négatives mentionnées plus haut mais parfois on n’a pas le choix), beaucoup d’autres relèvent eux  d’un défaut d’apprentissage du bon geste, y compris pour ceux souffrant de troubles « dys » légers , et peuvent être aidés efficacement par un graphopédagogue pour retrouver une écriture fluide ou tout au moins  maintenir au maximum l’écriture manuscrite.  Le témoignage de la mère de Toma un de mes élèves est édifiant :

  (Ecriture de Toma avant et après 7 séances de graphopédagogie)

graphopédagogie

Par Yvette Aboukrat   Graphopédagogue 

    www.reapprendre-ecriture.fr      https://www.facebook.com/ecriture94

 

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