Avant d’aller plus loin dans la présentation de la pédagogie Montessori, il me paraît important de faire un peu d’histoire et de rappeler que cette pédagogie trouve ses racines dans les travaux de deux français (si, si !).
Le déclencheur
C’est au cours de son internat en médecine que Maria Montessori va découvrir que les enfants dits déficients sont littéralement parqués dans une salle commune vide de tout mobilier, laissés là, hagards, sans aucune proposition d’activité pour les occuper.
Elle va alors déployer la grande force de conviction qui la caractérisera tout au long de sa vie pour obtenir l’autorisation de prendre en charge l’éducation de ces enfants et adolescents. Elle sera ainsi à l’origine de la création de l’école d’orthophrénie de Rome, une sorte d’équivalent italien de nos centres médico-psycho-pédagogiques.
Nous sommes alors en… 1900 !
Éduquer les enfants déficients ? Oui, mais comment ?
Vaste programme, en effet, d’autant que Maria Montessori n’est «que » jeune médecin et n’est absolument pas formée à la pédagogie. Elle va donc chercher à s’inspirer de travaux existants. Ceux-ci sont rares et… ils sont français !
Et voilà notre Maria, âgée de 30 ans, qui débarque seule à Paris pour chercher des réponses à toutes ses questions théoriques et pratiques dans les travaux de Jean Marc Gaspard Itard (1774-1838) et de celui qui fut son assistant avant de devenir un précurseur en matière d’enseignement adapté, Edouard Seguin (1812-1880).
Itard est un médecin qui va s’intéresser au sort un jeune garçon muet, trouvé en 1800 dans la forêt aveyronnaise et recueilli par l’Abbé Sicard, alors directeur de l’Institution des sourds-muets de Paris. Itard se lance alors dans une formidable tentative d’éduquer Victor, dont l’histoire a été popularisée en 1970 par le film de François Truffaut « L’enfant sauvage : Victor de l’Aveyron », inspiré des écrits de l’Abbé Sicard, témoin privilégié de cette aventure scientifique hors du commun.
Édouard Seguin, quant à lui, a commencé sa carrière en qualité d’assistant du Docteur Itard. Il va ensuite fonder l’une des premières écoles françaises pour jeunes adultes déficients physiques ou mentaux. Bien que n’étant pas médecin, il a un rare talent d’observateur grâce auquel il va élaborer un matériel spécifique répondant aux besoins de ces élèves particuliers, afin de leur permettre d’accéder aux connaissances fondamentales que sont le langage et le calcul. Sa technique révolutionnaire, structurée s’avère très efficace. Néanmoins, elle sera mal acceptée par les institutions médicales en place et Seguin, qui ne deviendra médecin que bien plus tard, finira par s’exiler aux États-Unis, laissant fort heureusement derrière lui plusieurs écrits ainsi que l’essentiel de son matériel. Ce sera le socle à partir duquel Maria Montessori développera tous ses travaux.
Montessori ne va bien sûr pas se satisfaire du matériel existant, destiné à de jeunes adultes. Cette scientifique de formation, va soumettre aux enfants « déficients » qui lui sont confiés chacun des matériels mis au point par Seguin et les adaptera pour que ne conserver que des versions qui fonctionnent avec ce public particulier. Plus tard, quand elle se verra confier des classes d’enfants « normaux » âgés de 3 à 6 ans, elle procédera de la même façon et modifiera à nouveau ce matériel pour l’adapter à la taille et à la force des plus jeunes.
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Nathalie Orozco, Éducatrice Montessori spécialisée dans le soutien scolaire adapté est auteure sur Profbook
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